Pour une meilleure efficacité d’intervention suisse à l’étranger en cas de catastrophe

Je demande au Conseil fédéral d’examiner s’il y a lieu de former et de mettre sur pied un service d’intervention mobilisable en quelques heures pour venir en aide à nos ambassades ou consulats en cas de nécessité urgente.

A l’instar de certaines de nos représentations, il est parfois inquiétant de constater dans quelles conditions doivent travailler nos consulats à l’étranger.

Par exemple, des travaux ou améliorations n’ont plus été entrepris à notre consulat général de Montréal depuis trente ans alors que le nombre de Suisses dans la région est en augmentation constante.

A Beijing, quelque 900 visas par jour peuvent être délivrés à notre consulat avec seulement quatre à cinq collaborateurs. A Bangkok, en période normale, on se croirait dans un office postal suisse surchargé, avec des files d’attente considérables aux guichets.

Dans ces conditions, lorsqu’une catastrophe se produit, nos représentants ne peuvent pas agir avec la rapidité et l’efficacité nécessaire pour organiser des secours.

Madame la conseillère fédérale Calmy-Rey a pu se rendre compte de la mobilisation spontanée de nos compatriotes résidant en Thaïlande. Ils se sont immédiatement portés volontaires, mettant à disposition de l’ambassade temps libre ou vacances, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Dans le cadre de cette terrible catastrophe, il a été démontré qu’en plus de l’aide financière, nombreux sont les Suisses prêts à donner de leur temps. Et c’est à ce moment là que les problèmes d’organisation se posent, d’où une coordination nécessaire sur le plan fédéral.

Il est aussi extrêmement important de disposer d’un lien informatique performant qui puisse regrouper toutes les informations entre Berne et nos diverses représentations à l’étranger. Sans oublier une standardisation et un traitement immédiat des messages sur les répondeurs automatiques de nos ambassades lorsque les bureaux sont fermés, soit le soir, soit pendant le week-end ou en période de fête. On pourrait bien organiser sur la base d’un schéma standardisé un numéro d’appel permanent urgent en cas de catastrophe sans que cette ligne se trouve bloquée en cas de surcharge.

D’autre part, il serait souhaitable que, sur les directives de Berne, les agences de voyages informent les touristes de la précarité des hôpitaux et des rapatriements difficiles dans certaines régions du globe.

L’aide aux citoyennes et aux citoyens suisses en détresse à l’étranger fait partie des missions qui incombent aux représentations suisses. Or cette tâche – importante – de nos représentations à l’étranger revêt maintenant une importance accrue aux yeux de l’opinion publique dans le contexte des tragiques évènements qu’auront été l’attentat de Louxor, le 11 septembre 2001 à New York, l’attentat de Bali, la prise d’otages dans le Sahara algérien, les troubles politiques en Côte d’Ivoire et le tsunami au sud-est de l’Asie. En fait, la mobilité croissante des Suisses (12 millions de franchissements de frontières), à quoi s’ajoute l’augmentation rapide du nombre des Suissesses et des Suisses de l’étranger (plus 168 000 personnes depuis 1990, soit plus 37 pour cent) entraîne une augmentation constante de coût et de travail des représentations, et il ne s’agit pas uniquement des tâches de protection consulaire. En contrepartie, le coût financier du réseau extérieur du DFAE reste stable depuis 1992. D’où, sans nul doute, une forte pression sur le personnel. Beijing et Bangkok, les deux exemples cités par l’auteur du postulat, ne sont pas des cas isolés – mais dans ce cas on entrera pas en matière. Les attentes sont très élevées en ce qui concerne l’aide et l’assistance que devraient apporter les représentations suisses à l’étranger lorsque se produit une catastrophe, et forment un contraste frappant avec la modestie des dotations en personnel de nos représentations à l’étranger, qui sont dans leur grande majorité de petites, voire de toutes petites représentations. Enfin, les mesures exigées pour la mise en oeuvre du plan d’abandon de tâches dans le réseau extérieur ne contribuent certainement pas à améliorer l’état de nos ressources.

Après la crise d’Abidjan en novembre 2004 et à la suite du tsunami de décembre dernier, le DFAE a procédé à une évaluation de la gestion des crises à la Centrale et à l’étranger. Le 4 avril, le public a également été informé des résultats des vérifications qui ont été opérées: le dispositif de crise est renforcé et, d’ici à juillet 2005, un pool DFAE de crise sera mis sur pied, composé de quelque vingt membres chevronnés des services diplomatiques et consulaires et de l’Aide humanitaire de la Confédération qui est rattachée à la DDC. En cas de besoin, il viendra renforcer la cellule de crise de la Centrale et les représentations concernées. D’autres mesures visent à l’optimisation des dispositifs de crise dans les représentations à l’étranger, au renforcement de la collaboration avec les services extérieurs à l’administration fédérale, en Suisse et hors de Suisse, ainsi qu’à la création de modules de formation ciblés. Sur le plan de la technologie et de la logistique, des mesures sont également prises.

Ainsi donc, la suggestion formulée dans le postulat de renforcer les représentations à l’étranger en cas de crise a été étudiée par le département concerné et a conduit à une solution.

Le Conseil fédéral propose de rejeter le postulat.